Je l'avais pas oubliée ... Je l'ai retrouvée. Il y a 25 ans, je faisais mes études à Toulouse. Et avec le camarade Olivier, en fin de semaine, quand nous avions laissé un peu de notre jeunesse à veiller sur des livres d'histoire en même temps qu'à participer aux convivialités festives nécessaires ... à la survie, nous allions très souvent le samedi et le dimanche ... faire encore un peu d'histoire sur le terrain. Olivier était un guide bleu ambulant et ce qui l'intéressait avant tout nous éloignait fréquemment des sentiers battus. Quelle chance ! C'est comme çà qu'on s'était retrouvé un dimanche matin brumeux, à traverser des prés humides et à escalader des barrières pour pénétrer dans une propriété, de toute évidence ... privée et apparemment déserte, parce qu'Olivier était certain que c'était là... Après avoir tourné au coin d'un grand mur, longé un bassin à l'eau noire et être monté sur une terrasse, on l'a vue. Splendide, majestueuse, la Vache ... d'Alan régnait dans son tympan au dessus de la porte de l'ancienne résidence d'été des évèques de Comminges. On n' a pas pu l'admirer très longtemps. On n'avait rien à faire là. Une sorte de rabat joie, sorti d'on ne sait où, nous l'a fait comprendre... Mais elle est restée dans ma mémoire comme l'oeuvre d'un artiste inspiré, la sculpture exceptionnelle d'une vache ... gracieuse...
Plus tard, j'ai essayé de retrouver sa trace, je ne savais plus où chercher dans la Haute-Garonne, le Gers, les Hautes-Pyrénées, ... Pourtant je n'avais pas rêvé. Je ne me souvenais pas bien non plus du nom du village, alors dans ces conditions.... Lors de mon dernier voyage dans le Sud-ouest, j'avais un peu de temps et j'avais retrouvé sa trace sur internet. Mais je pensais à autre chose en me promenant vers Aurignac, encore un balcon sur les Pyrénées. Quand je me suis arrêté dans un joli village, à Alan... J'ai pas réalisé tout de suite. J'ai d'abord cherché derrière l'église, puis, j'ai demandé. "Je cherche la Vache ! " On m'a dit : "C'est pas là, c'est sur la place, il y a une porte avec une mitre, vous pouvez sonner, s'il y a quelqu'un, vous pourrez la voir." J'y suis allé, j'ai sonné, mais il n'y avait personne. J'ai vu que derrière la grille, un panneau posé par terre indiquait qu'on pouvait entrer, mais sûrement en été, pas le 30 avril ! Il n'y avait personne. Une dame qui passait m'a dit qu'habituellement c'était pas fermé, mais là si ! Je pouvais pas repartir sans l'avoir vue, quand même et je ne me souvenais plus par où on était passé. En regardant de près, j'ai vu qu'en enlevant la jambe qui bloquait le double portail et en poussant les deux battants en même temps, je pourrais peut-être rentrer, la serrure n'était pas engagée à fond. En tirant un peu sur le bras, j'y suis parvenu et je n'ai pas eu besoin de pousser bien fort. Une fois dedans, j'ai refermé le portail. En tournant à droite, il y avait une belle allée de gravillons blancs avec des buis bien taillés et au bout ... elle était là... Elle m'attendait, mais cette fois par un bel après midi ensoleillé. Inutile de dire que j'étais super content. Je suis resté un bon quart d'heure à l'admirer dans sa cour ouverte sur la terrasse par où nous avions dû passer. Olivier, si tu m'entends, je sais que c'est pas possible là où tu es - mais on sait jamais - , je crois bien que quand je suis parti, la vache m'a suivi tout au long de l'allée. |